COEUR Il y a, au Centre commercial de La Praille, un Monsieur qui passe ses journées à pousser de longues files de chariots. Il le fait, courbé, avec la seule force de ses bras, entre parkings et étages supérieurs. Il y aurait, dans la dureté de la besogne, largement de quoi faire la gueule à l’humanité passante. Eh bien non. Chaque fois que je le croise, il me sourit, avec un mot aimable. Et avec tout le monde, il affiche courtoisie et bonne humeur. Dans l’ombre des immenses garages, cet employé nous envoie la petite lumière des cœurs. C’est totalement admirable. Je voudrais que ce Monsieur serve d’exemple à tant d’autres, toujours pressés, impatients, arrogants. Ceux à qui tout est dû. Son boulot est dur, pas drôle. Mais lui, au milieu de la manœuvre répétée, rayonne. Merci à lui, vraiment.
GRIFFE Dans moins de deux mois, le 30 novembre, le peuple et les cantons auront à se prononcer sur l’initiative Ecopop, «Halte à la surpopulation», qui entend limiter à 0,2% par an (en moyenne, sur trois ans) la part de l’accroissement de la population attribuable au solde migratoire. C’est une initiative très importante, munie de 120’000 signatures. Et ma foi, sans préjuger du résultat, on pourrait être surpris, au moment du vote, du nombre de oui. Alors, comme toute la classe politique, de gauche à droite, est contre, on rivalise dans l’art de démolir Ecopop. Je n’entends pas ici dire aux citoyens ce qu’ils doivent voter. Je leur dis juste de ne céder à aucune sirène. Renseignez-vous sur le texte, forgez-vous votre opinion. Pensez à l’intérêt supérieur du pays. Et votez en toute indépendance, loin des mots d’ordre des corps intermédiaires. C’est cela, notre démocratie suisse.