La véritable menace de l’appétit chinois

  •  Fabio Bonavita

    Fabio Bonavita

ENTREPRISES • Ils sont chinois, ils ont de l’argent et ils ont faim. Depuis quelques années, les patrons de l’Empire du Milieu mènent une politique très agressive de rachats d’entreprises européennes. Et la Suisse n’échappe pas à leur appétit dévorant. Faut-il s’en inquiéter? Regardons d’abord les chiffres. En Europe, les montants des rachats s’élevaient à 3,5 milliards de dollars en 2010. Six ans plus tard, ils se chiffraient à 86,4 milliards. Une hausse spectaculaire!

Désormais, pas une semaine ne se passe sans que l’on annonce le rachat d’une société par des investisseurs chinois. En deux ans, selon une étude réalisée par le cabinet de conseil KPMG, une vingtaine d’entreprises helvétiques ont changé de propriétaires. Le rachat le plus médiatique, on s’en souvient, a été celui de Syngenta par le groupe ChemChina. Montant de la transaction? 43 milliards de dollars. Une fois les garanties de maintien de l’emploi, le danger pour l’économie helvétique ne semble pas flagrant. Pourtant, il existe.

Car cette politique offensive recherche d’abord à acquérir le Swissness, l’image de qualité intimement liée à la Suisse. Les investisseurs chinois veulent également avoir accès au savoir-faire technologique. Enfin, ils visent aussi à placer leur argent dans un pays réputé stable. Cela passe par l’achat d’hôtels ou d’immeubles situés dans des endroits stratégiques, et donc touristiques.

Vendre une entreprise, ce n’est pas un drame en soi, vendre son savoir-faire s’apparente, en revanche, à une véritable menace à moyen et long terme. Il est donc essentiel que les pouvoirs publics soient en mesure de limiter ce type de transactions afin de conserver une innovation nationale qui profite aux citoyens.