COUP DE GUEULE - Là où le débat blesse!

PRÉJUGÉS • Notre monde merveilleux, certain d’échapper aux préjugés que l’ancien monde avait entretenus, croit s’en être libéré par la critique. Or, il ne s’agit plus de discuter tel ou tel jugement, de lui opposer des arguments, mais d’évaluer si celui qui les prononce est animé d’intentions bonnes ou mauvaises. C’est aux intentions supposées qu’on juge les paroles et les actes. Ainsi notre époque a divisé les intentions en deux clans: d’un côté les bonnes, qui épousent les a priori de la modernité, on peut penser ce qu’on veut mais à condition d’être en accord avec ce qu’il faut penser; de l’autre, les mauvaises, qui se réfèrent à autre chose qu’à l’approbation du monde comme il va.

L’époque n’est plus tenue de réfuter les opinions qui heurtent les siennes, elle les disqualifie. Et pour ce faire elle possède une palette d’adjectifs: réac, vieux jeu, facho, conservateur, rétrograde, nostalgique, anti-européen, etc. Le sens de l’histoire est fixé. S’y soustraire ou simplement prendre ses distances c’est s’exposer aux pires soupçons!