«Pour avoir laissé plus d’une heure mon chien dans ma voiture, je dois payer près de 10’000 francs en amende et frais!» L’avocat Grégoire Rey est encore estomaqué. Condamné en juin dernier pour «maltraitance active envers animaux de gravité moyenne», il doit payer 1650 francs d’amende. A cela viennent s’ajouter 3000 francs de frais de fourrière et 5000 francs de dégâts sur sa voiture, dont la vitre côté conducteur a été découpée par la police pour libérer l’animal.
Gros dégâts
Interloqué face à l’ampleur de cette intervention, et surtout par la facture totale, l’automobiliste a fait opposition à l’ordonnance pénale. «Je ne conteste pas qu’en cas de doute, la police puisse casser des voitures, se défend l’avocat. Mais là, c’était complètement inutile. Ce jour-là, il faisait 13°, le soleil était déjà couché, mon chien n’était pas en danger.» Grégoire Rey sera jugé le 27 novembre prochain au Tribunal de police. Parallèlement, une plainte contre la police accusée d’avoir cassé la vitre est instruite devant le procureur général Olivier Jornot. Un cas rarissime.
L’affaire remonte au 15 mars dernier. Grégoire Rey veut visiter le Salon de l’auto avec son toutou Alti, une petite poméranienne de 3 kilos. Lorsqu’il apprend que les chiens y sont interdits, il préfère laisser son animal dans sa voiture, garée à l’ombre dans une rue du Grand-Saconnex. Mais l’automobile étant mal stationnée, un agent municipal dresse une contravention et découvre le petit chien à l’intérieur. S’ensuit alors une intervention spectaculaire avec bris de vitre pour sortir le chien et mise en fourrière du véhicule.
«Chien tétanisé»
«Pourquoi la police n’a-t-elle pas attendu que j’arrive avant de défoncer ma Bentley? s’étonne l’avocat. J’ai mis trois minutes pour être sur place après qu’ils m’aient téléphoné. Mais à mon arrivée, ma voiture était déjà cassée, mon chien tétanisé, enfermé dans un véhicule de police et les forces de l’ordre m’ont embarqué au poste durant quatre heures, avec Alti! C’est dingue!» Et d’ajouter: «Un policier ne devrait pas hésiter à casser une vitre s’il a un doute. Je préfère dix voitures cassées pour rien qu’un chien mort de chaud. Mais si le policier a tort, la personne lésée doit pouvoir être indemnisée sans avoir à se défendre devant un tribunal ou déposer plainte contre la police. La loi est mal faite.»
Interrogé, le Département de la sécurité précise que la version du plaignant diffère de celle des autorités et qu’une procédure est en cours. Il ne souhaite donc pas à ce stade faire de commentaire sur l’affaire.