Future décharge de déchets toxiques: trois villages au front

- Le Canton recherche un nouveau site pour stocker les résidus d’incinération des ordures ménagères.
- Trois communes, Collex-Bossy, Ver soix et Satigny, restent encore en lice pour le choix final.
- Elles s’y opposent et proposent de recycler ces déchets plutôt que de les enfouir. L’Etat de Genève s’explique.

  • L’agriculteur Bernard Baumgartner sur ses terres à Collex-Bossy, dont 20 hectares seraient engloutis par la décharge. FRANCIS HALLER

    L’agriculteur Bernard Baumgartner sur ses terres à Collex-Bossy, dont 20 hectares seraient engloutis par la décharge. FRANCIS HALLER

  • L’agriculteur Bernard Baumgartner sur ses terres à Collex-Bossy, dont 20 hectares seraient engloutis par la décharge. FRANCIS HALLER

    L’agriculteur Bernard Baumgartner sur ses terres à Collex-Bossy, dont 20 hectares seraient engloutis par la décharge. FRANCIS HALLER

  • L’agriculteur Bernard Baumgartner sur ses terres à Collex-Bossy, dont 20 hectares seraient engloutis par la décharge. FRANCIS HALLER

    L’agriculteur Bernard Baumgartner sur ses terres à Collex-Bossy, dont 20 hectares seraient engloutis par la décharge. FRANCIS HALLER

  • L’agriculteur Bernard Baumgartner sur ses terres à Collex-Bossy, dont 20 hectares seraient engloutis par la décharge. FRANCIS HALLER

    L’agriculteur Bernard Baumgartner sur ses terres à Collex-Bossy, dont 20 hectares seraient engloutis par la décharge. FRANCIS HALLER

«La fosse représenterait un volume identique à 400 piscines olympiques»

Arnaud Ythier, maire de Collex-Bossy

Une décharge à ciel ouvert d’un million de mètres cubes pour y enfouir, dans une fosse de 30 mètres de profondeur, les résidus toxiques d’incinération des ordures ménagères du canton (ndlr : appelés les mâchefers) fait trembler les habitants de Collex-Bossy, Versoix et Satigny. Une de ces trois communes sera en effet choisie par le Département de l’environnement, des transports et de l’agriculture (DETA) en vue d’y installer, à l’horizon 2023, un nouveau site de stockage de mâchefers en remplacement de la décharge du Nant de Châtillon à Bernex, dont l’exploitation arrive à échéance fin 2019.

L’agriculteur fait du foin

«Parmi les trois sites potentiels retenus, figurent 20 hectares de cultures et de forêt qui font partie de mon domaine, tonne Bernard Baumgartner qui a repris l’exploitation acquise par son grand-père en 1921 à Collex-Bossy. Il est prévu de faire un trou gigantesque à 15 mètres de ma ferme. Je perdrais tout, les pensions de mes 24 chevaux mais aussi mes cultures! Je risque la faillite.»

Pétition lancée

D’autres voisins agriculteurs, dont les propriétaires d’élevages de bisons, wapitis et chevaux, craignent aussi l’enfouissement de déchets toxiques sur leur paisible territoire dévoué principalement aux balades équestres, randonnées pédestres et parties de golf.

Ainsi, à Collex-Bossy, l’annonce de l’implantation d’une éventuelle décharge de mâchefers, lors d’une réunion le 14 décembre dernier, a mis en ébullition le village: «Elle serait proche des lieux d’habitations, près de la rivière la Versoix et au milieu des réserves arborisées riches en faune», s’inquiète une habitante.

Les jeunes de cette commune sont montés aux barricades en lançant en décembre 2017, par l’intermédiaire de l’Association des jeunes actions (AJA), une pétition intitulée «Non à la destruction du poumon de verdure de Collex-Bossy et oui à des solutions alternatives de valorisation des mâchefers». Largement soutenue, elle sera adressée à la fin janvier au Grand Conseil.

Sept communes au départ

Le maire de Collex-Bossy, Arnaud Ythier, indique de son côté que les sept communes concernées au départ avaient adressé le 21 novembre dernier au conseiller d’Etat Luc Barthassat, en charge du DETA, une lettre ouverte dans son tout-ménage (lire ci-contre), cosignée par les maires et conseillers administratifs de Versoix, Collex-Bossy, Satigny ainsi que ceux des communes d’Anières, Jussy, Laconnex et Russin. «Ces communes figuraient sur la liste des sites potentiels d’implantation de la décharge», souligne le maire de Collex-Bossy. Qui rappelle aussi que la fosse serait énorme et «représenterait un volume identique à 400 piscines olympiques».

Que souhaiteraient ces sept magistrats? «L’Etat doit étudier des solutions alternatives, pratiquées en Europe mais aussi à Chiètres (Fribourg), poursuit Arnaud Ythier. Il s’agit de valoriser les résidus d’incinération des ordures ménagères par des procédés permettant de les trier, de recycler les métaux et autres matériaux et ainsi réduire leur volume.» Et de conclure: «Pourquoi confisquer des terres agricoles alors qu’elles resteront polluées pour les générations futures?» Pétition: www.collex-bossy.ch/fr/ actualites/decharge-bioactive- petition-au-grand-conseil-1135