«S’il y a erreur, nos agents ne peuvent pas supprimer l’amende. En revanche, la direction peut l’annuler après examen des preuves»
Jean-Yves Goumaz, directeur général de la Fondation des parkings
«Enfoiré de m…! J’étais en train de chercher mon ticket à l’horodateur et vous m’avez collé! Vous êtes de vraies pompes à fric! Je vais t’en mettre une! Mon temps de parking n’est pas encore dépassé et tu me bûches? Tu ne sais pas lire espèce de limace de trottoir? Retourne dans ton pays c… de frontalier!»
Ces insultes font partie du quotidien des 69 agents de la Fondation des parkings (FdP), travaillant en Ville de Genève, à Lancy, Carouge, Plan-les-Ouates et Vernier. D’irascibles conducteurs se défoulent tous les jours sur ces contractuels au turbin. Mais entre vociférer contre un agent zélé qui ne bronche pas ou agresser physiquement et verbalement, il y a un pas que trop d’usagers n’hésitent plus à franchir. «Ça va de pire en pire, se désespère un agent choqué. Pourtant, nous ne faisons que notre boulot! J’ai des collègues qui en sont tombés malades, qui ont fait des burn-out, qui ont même eu peur pour leur famille!»
Violence et irrespect
«Jet d’œufs, crachats, coups, insultes racistes et contre la morale, nos agents ne sont pas épargnés, reconnaît Gaëtan Mascali, directeur du Service du stationnement à la FdP. Quels sont les principaux griefs? «On nous reproche l’engagement de frontaliers. Ils ne représentent pourtant que 15% de notre contingent, poursuit le directeur. On nous accuse de payer nos agents au rendement, ce qui n’est pas le cas puisque nous appliquons les directives de l’Etat sur le contrôle des divers stationnements. D’ailleurs, je rappelle que le revenu des amendes ne tombe pas dans notre escarcelle, mais bien dans celle de l’Etat!» La FdP précise aussi que sur les 900’000 contrôles effectués annuellement près de 300’000 aboutissent à des amendes.
«Un comportement agressif ou déplacé peut finir devant la justice», tient à rappeler Jean-Yves Goumaz, directeur général de la FdP. En 2017, pas moins de 21 plaintes pénales ont été déposées par la FdP pour agression, contre 16 en 2016. «Dans 95% des cas examinés par la justice nous obtenons gain de cause, enchaîne-t-il avec satisfaction. Quant aux 5% restant, ce sont des affaires classées sans condamnation, lorsque le juge n’a pas pu trancher, notamment faute de témoin.»
Formation spécifique
«Face à une forte agressivité, il peut arriver qu’un agent réagisse d’une façon inappropriée, enchaîne Gaëtan Mascali. Lorsque nous recevons des réclamations touchant au comportement de l’agent, soit une par semaine en moyenne, nous analysons chaque situation avec objectivité. Ces cas sont heureusement rares. Et si ils sont avérés, la Fondation prend les mesures nécessaires auprès des agents concernés.»
La FdP rappelle aussi que les contractuels doivent suivre une formation spécifique obligatoire dispensée par un psychologue de la police cantonale pour gérer les conflits. «Des jeux de rôle leur donnent les clés pour rester stoïque et avoir un langage correct face à l’agressivité», détaille encore Gaëtan Mascali.
Pour éviter ces débordements, une amende contestée devant un agent peut-elle être supprimée immédiatement? «S’il y a erreur, nos agents ne peuvent pas annuler le PV. En revanche, la direction peut le faire après examen des preuves, explique Jean-Yves Goumaz. Pour cela, il suffit de nous envoyer un e-mail, un courrier ou venir à nos guichets avec les arguments et les preuves nécessaires à établir qu’il y a une erreur.»
Qu’on se le dise, les baffes et les insultes n’annuleront jamais une bûche. Mais la violence envers un contractuel conduira les irascibles conducteurs devant les tribunaux.