Une exception culturelle coûteuse

Genève est la championne nationale en matière de dépenses culturelles par habitant. Faut-il effectuer des coupes et s’aligner sur les autres villes? Certains élus en sont convaincus. Hors de question pour le magistrat Sami Kanaan qui rappelle les retombées économiques engendrées.

  • La subvention allouée au Grand Théâtre, actuellement en rénovation, est d’environ  50 millions de francs. FRANCIS HALLER

    La subvention allouée au Grand Théâtre, actuellement en rénovation, est d’environ 50 millions de francs. FRANCIS HALLER

  • La subvention allouée au Grand Théâtre, actuellement en rénovation, est d’environ  50 millions de francs. FRANCIS HALLER

    La subvention allouée au Grand Théâtre, actuellement en rénovation, est d’environ 50 millions de francs. FRANCIS HALLER

  • La subvention allouée au Grand Théâtre, actuellement en rénovation, est d’environ  50 millions de francs. FRANCIS HALLER

    La subvention allouée au Grand Théâtre, actuellement en rénovation, est d’environ 50 millions de francs. FRANCIS HALLER

«A Paris ou New York, le coût de la culture est quinze fois inférieur!»

Adrien Genecand, conseiller municipal PLR

Adrien Genecand, conseiller municipal PLR, en est persuadé. La politique culturelle doit être radicalement modifiée: «A Genève, nous sommes très généreux en termes de subventions. A Paris ou New York, le coût de la culture par habitant est quinze fois inférieur!» Dans sa globalité, la somme allouée à la culture s’élève chaque année à 256,4 millions de francs, soit plus de 1300 francs par habitant. Le dernier comparatif réalisé par le think tank Avenir Suisse le démontre, Genève dépasse allégrement toutes les autres villes helvétiques.

Bataille de chiffres

Chaque Lausannois contribue à hauteur de 535 francs par année, ce montant est de 432 à Zurich et 423 à Berne. Pourquoi ces énormes différences? Sami Kanaan, conseiller administratif en charge du Département de la culture et du sport, a son explication: «L’offre culturelle de la Ville s’adresse à l’ensemble du canton et même de la région. Nos études montrent d’ailleurs qu’une part conséquente du public, autour de 40% à 50%, n’habite pas en Ville de Genève. Le Grand Genève compte environ un million d’habitants en la prenant en compte. Un calcul simple amènerait donc à environ 256 francs par habitant.»

Un avis partagé par Pascal Holenweg, conseiller communal socialiste: «Le coût par habitant est une mesure absurde puisqu’il divise le coût total d’une politique culturelle d’impact régional par le nombre d’habitants de la seule commune de Genève. Il n’y a donc aucune raison de couper.» Un raisonnement étonnant puisqu’à Lausanne, par exemple, les spectacles proposés profitent également à l’ensemble d’une région. Pour Adrien Genecand, inutile de tergiverser. Il est urgent de mettre un terme au saupoudrage de tous les acteurs culturels: «Il faut faire des choix et miser sur des pôles d’excellence plutôt que d’arroser tout le monde.»

A y regarder de plus près, certaines subventions accordées sont, en effet, quelque peu étonnantes. Pour la seule année en cours, l’Association pour l’encouragement de la musique improvisée recevra 1’124’400 francs, les ateliers d’ethnomusicologie toucheront 681’950 francs et l’enveloppe pour le théâtre Am Stram Gram se montera à 2’072’000 francs. Ces subventions sont-elles essentielles au rayonnement culturel genevois? Sami Kanaan préfère rappeler «qu’un franc dépensé dans la culture génère dix francs. La culture représente un élément central de l’attractivité touristique et résidentielle d’une région. Elle contribue à la santé physique et psychique des usagers.»