Eric et le bal des hypocrites

ATTENTE • De vendredi 10 octobre 23h30 jusqu’à mardi 14 octobre 11h30, plus de trois jours de délire. Autour des événements du Grand Conseil, trois jours de condamnation absolue: pour Eric Stauffer, les flammes de l’Enfer. Ces sentences, délivrées par qui? Par un juge? Par le Bureau du Grand Conseil, seul habilité à statuer? Pas du tout! Par une moralisante cohorte de députés! Donc, des collègues de M. Stauffer. Des gens qui étaient dans la salle, comme lui, au moment des faits. Imagine-t-on, en football, les joueurs eux-mêmes venant s’arroger voix au chapitre face à l’arbitre? Pendant trois jours, le bal des hypocrites.

Le Bureau, comme on sait, a fini par trancher en refusant toute sanction. Mais ces trois jours d’opprobre et de pestilence! Trois jours où, pour des raisons purement politicardes, on a cru bon de nous faire la morale, se jouer les ultimes journées de la République de Weimar, en janvier 1933, ou celles de Rome en octobre 1922. On a, avec une rare stupidité, usé et abusé du mot fascisme». Trois jours où la masse agglutinée des perdants d’octobre 2013, cette élection qui a fait émerger à un tiers le bloc UDC-MCG, et donc plumé d’autres partis, a pu s’en donner à cœur joie dans le registre de la basse revanche. Trois jours de métaphores éventrées sur la fin de la démocratie. Dire qu’on traversait Genève et qu’on aurait pu se croire à Vichy, le 10 juillet 1940, lors de l’autodissolution de l’Assemblée. Ces hypocrites prophètes de la morale, qu’ils viennent nous convaincre, politiquement, devant les urnes. En démocratie, ce sont elles qui décident.