COMMENTAIRE - Révolution permanente

  • Pascal Décaillet

    Pascal Décaillet

Le mépris avec lequel les médias traditionnels parlent des réseaux sociaux rappelle exactement celui des journaux et de la radio face à l’apparition de la télévision, il y a soixante ans, et celui des mêmes journaux lors de l’avènement de la radio, il y a presque cent ans. Tout comme il rappelle le mépris des écrivains pour les journalistes des premières gazettes à grand tirage, à l’époque de Balzac, et de ses Illusions perdues.

En gros, ce mépris camoufle une peur: celle de perdre un pouvoir. Se trouver dessaisi du monopole de la transmission de l’information. De Théophraste Renaudot, l’inventeur de la première Gazette au XVIIe siècle, ce processus de dépossession est advenu maintes fois, du papier vers l’onde acoustique, de cette dernière vers l’onde visuelle, puis de ce beau monde vers l’ère numérique. Chaque fois, un maître-mot: la peur.

Eh bien, ils ont tort, les médias traditionnels. Les réseaux sociaux constituent un nouveau monde, que nul ne pourra effacer d’une chiquenaude. Une fois expurgés de leur maladie infantile, faite de bavardage et de vie privée, ils pourront devenir de vrais supports d’information, interactifs, fiables et vivants. Face à cela, les autres doivent se redéfinir. Il y a de place pour tous. A condition de constamment se réinventer. Ce métier n’est rien d’autre qu’une révolution permanente.