Occasion ratée!

  • Pascal Décaillet

    Pascal Décaillet

La Suisse, à ma connaissance, n’est pas le 51e Etat américain. Elle ne fait pas, non plus, partie du Royaume-Uni. Ni du Commonwealth. On y parle quatre magnifiques langues, surgies de notre histoire: le français, l’allemand, l’italien et le romanche. C’est dans ces langues que le génie suisse s’exprime. Si vous êtes un personnage officiel de notre pays, vous avez de la chance: vous avez le choix, où que vous soyez en Suisse, entre quatre langues pour prendre la parole.

Bref, je n’ai pas aimé du tout entendre notre président de la Confédération (contre lequel je n’ai rien, loin de là) s’exprimer en anglais dans son discours à Davos. Oh, il le parle fort bien. Mais il parle encore mieux le français, sa langue maternelle, ou l’allemand, qu’il maîtrise parfaitement, sans doute aussi a-t-il d’excellentes notions d’italien. Plus que tout autre, par sa culture personnelle, et sa richesse de connaissances sur ce qui touche la Suisse, Alain Berset avait, à Davos, une occasion: celle de délivrer, dans l’une de nos langues nationales, un message puissant face à l’aréopage cosmopolite de ce Forum.

Si j’avais été à sa place, j’aurais même dit quelques mots en romanche, cette langue superbe jaillie des entrailles rhétiques des Grisons. Histoire de bien leur montrer, à tous ces anglophones planétaires, à quel point la Suisse est belle et variée, respectueuse de ce qui est petit. Ancrée dans ses traditions, aussi, pour justement se projeter vers l’autre. Oui, une occasion ratée. Au profit, hélas, d’une allégeance.