«Nous étions à l’Age de pierre, nous voilà désormais à la Préhistoire! Autant dire qu’il reste encore pas mal de chemin à parcourir.» Les Mouvements de la condition paternelle en Suisse romande sont unanimes: la nouvelle loi sur l’autorité parentale, introduite il y a trois ans, permettant aux deux parents, quel que soit leur état-civil, mariés, divorcés, en concubinage, séparés, de détenir par défaut et conjointement l’autorité parentale sur leurs enfants, ne suffit pas. Pourquoi? Tout simplement parce que les pères continuent à être perçus par la justice et les services sociaux comme des pourvoyeurs-payeurs.
Peu reconnu
Les Mouvements de la condition paternelle constatent en effet le manque cruel de mesures d’accompagnement: «Comme une médiation ordonnée et un tribunal de famille, rappelle Julien Dura, porte-parole vaudois de l’association. Hélas, aujourd’hui, les juges ne sont pas spécifiquement formés à ces questions, alors même que le système vise clairement, en cas de conflit, à disqualifier les pères, à les décourager jusqu’à ce qu’ils renoncent à leurs droits. L’autorité parentale, n’est au fond qu’une pommade destinée à calmer les pères, mais qui ne règle pas grand-chose sur le fond.» Pour Me Anne Reiser, avocate genevoise spécialiste du droit de la famille, qui a publié un livre sur la question, le fait d’obtenir le plus souvent la garde des enfants dans le divorce n’est pas forcément, vu à long terme, un avantage pour les femmes. «Les femmes s’accrochent à la conviction que les hommes n’ont qu’à payer, rappelait-elle dans une interview au Temps. Les hommes eux se sentent peu reconnus (...) s’ils ont réduit leur temps de travail, comme faire passer leur carrière au second plan pour s’occuper des enfants, ils rencontrent souvent l’opprobre social. Il ne fait pas bon être un homme dans un divorce.»