«Nous adaptons le parcours pour réduire les risques et la gêne occasionnés»
Laurent Paoliello, directeur de la communication du DSPS
«Je deviens fou!», explose Cédric au volant de sa voiture. «Je suis parti il y a presque une heure et je vois encore les fenêtres de mon bureau. Y’en a marre de toutes ces manifestations!» A l’origine de sa colère, un bouchon monstre dans le quartier de la gare Cornavin à cause d’un rassemblement antifasciste, organisé à l’heure de pointe le mercredi 24 novembre. Problème: le cadre n’a pas été informé et n’a donc pas pu s’organiser pour l’éviter. Dans la voiture derrière lui, Elizabeth, hurle sa colère par la fenêtre: «C’est aussi comme ça tous les vendredis. Je suis plutôt patiente, mais trop c’est trop!»
Du côté des taxis genevois, la grogne est aussi tangible. Coincé dans les bouchons en ce samedi 4 décembre, jour de Course de l’Escalade, l’un d’eux peste: «Quand ce ne sont pas les manifestants, ce sont les sportifs! Ça devient impossible de bosser.»
37 cortèges
Chiffres à l’appui, rares en effet sont les semaines à Genève, sans qu’une manifestation n’entrave la circulation au centre-ville. Protestation contre la venue d’Eric Zemmour, Gay Pride, rassemblement pro-arbres, etc.: depuis le début de l’année, le Canton a autorisé 37 cortèges, un chiffre auquel il faut ajouter les onze «critical mass», soit une tous les derniers vendredis du mois.
De quoi provoquer la colère de nombreux automobilistes et commerçants (lire encadré), excédés d’être empêchés de travailler et de ne pouvoir rentrer chez eux sans entraves. Et on ne parle même pas des accidents ou pannes qui paralysent le centre-ville (voir Facebook GHI du 2.12.21)
Autorisation
Mais alors pourquoi ne pas limiter le nombre de cortèges? «Nous n’interdisons une manifestation que dans de très rares cas», répond Laurent Paoliello, directeur de la communication au Département de la sécurité, de la population et de la santé (DSPS). Avant de clarifier: «Par exemple si le risque de trouble à l’ordre public est trop important ou si la sécurité d’une personne ne peut être garantie».
Concrètement, cela signifie-t-il que la majorité des demandes est acceptée? «Nous ne sommes pas nécessairement d’accord avec ce que vous dites dans l’espace public, mais on se battra pour que vous puissiez le dire. Cette maxime illustre parfaitement notre approche face à une demande de manifester. Limiter le nombre de cortèges risquerait d’être mal compris par la population», insiste le porte-parole. Avant de conclure: «La responsabilité de l’Etat, c’est d’adapter le parcours d’une manifestation pour réduire le plus possible les risques et la gêne occasionnés. Tout le monde voudrait défiler sur le pont du Mont-Blanc. Pour éviter que la ville ne soit trop souvent paralysée, nous trouvons des itinéraires alternatifs. La liberté des uns s’arrête là où commence celles des autres.»
Une expression de bon sens qui a visiblement beaucoup de mal à passer sur les routes du canton. Particulièrement lorsque le trafic prend un goût de bouchon.