«Tu n’es pas fait pour faire ta matu!» Cette phrase résonne encore dans la tête d’Arthur*. Quelques mots prononcés par sa professeure de biologie qui ont failli avoir raison de sa motivation et de son avenir professionnel. Pour ce jeune homme âgé de 19 ans et heureux détenteur de la matu fédérale depuis février, tout est bien qui finit bien. Mais, non sans mal…
La galère commence au collège. Alors qu’il avait été, jusque-là, un bon élève, ayant même une année d’avance, il double la 2e. «Je n’étais pas très assidu», reconnaît-il volontiers. Son OS (option spécifique) étant biologie et chimie, il met le paquet dans cette seconde matière pour compenser ses lacunes en biologie et parvient ainsi à passer en 3e année.
«A ce stade, j’étais décidé à me remotiver pour avoir de bonnes notes. J’étais dans un état d’esprit positif. Je voulais avoir la moyenne dans les deux.» Seulement voilà, les notions de base lui manquent. «Je demandais à la prof de bio de m’expliquer et elle m’envoyait promener en me disant que ce n’était pas possible que je n’ai pas vu ça en 2e.»
«Je ne peux rien pour vous»
Au premier semestre, le collégien parvient à sauver les meubles avec un 3,7 en biologie et un 4,5 en chimie. Au deuxième semestre, voyant les notes de son OS baisser et celles-ci étant éliminatoires, il décide de se concentrer sur ces deux matières. «J’ai pris des répétiteurs. J’allais à tous les cours supplémentaires que la professeure de bio donnait à 17h. Je n’en loupais aucun. Je lui ai demandé quoi faire pour progresser. Elle m’a répondu qu’un répétiteur ne servait à rien. Et m’a asséné: «Je ne peux rien pour vous.»
Suit un épisode marquant pour le collégien. «Elle nous a demandé de faire un rapport de laboratoire par groupe de trois. Je ne parlais pas trop à mes camarades de classe. J’ai malgré tout trouvé un binôme. Et, sachant que cela s’était déjà fait dans d’autres classes, j’ai demandé à la prof si on pouvait le faire à deux.» A sa grande surprise, c’est un non.
«Elle m’a carrément dit que c’était ma faute si je n’avais pas d’amis.» Blessé et estimant être victime d’une injustice, Arthur effectue et rédige finalement son travail seul, non sans l’aide de son répétiteur. «J’ai eu 2, lâche-t-il. Peu importe ce que je donnais, ce que je fournissais comme travail, rien n’allait. La prof m’a dit qu’avec mes notes, je ne pourrai pas avoir la matu, que le collège n’était pas fait pour moi. Qu’il vaudrait mieux que j’opte pour l’Ecole de culture générale (ECG).»
Crampes et perte d’appétit
Pour tenter de sortir de cette impasse, le collégien prend rendez-vous avec le doyen et le directeur de l’établissement. Et expose les difficultés qu’il rencontre avec cette enseignante. «Ils m’ont répondu que je n’étais pas le premier. Que cette prof était réputée pour avoir des exigences importantes car elle pensait préparer ses élèves à faire médecine. Ils m’ont conseillé de ne pas abandonner.»
Mais, le mal est fait, Arthur développe alors une phobie scolaire. «J’étais démotivé. Je ressentais des crampes liées au stress. Je n’avais plus envie de me lever surtout quand je pensais aux cours. J’ai même un peu arrêté de manger.» La situation s’aggravant, le jeune homme, appuyé par ses parents, prend une décision radicale: en mars 2022, il quitte le collège.
«En mai, je me suis inscrit en candidat libre pour passer la matu fédérale. J’ai étudié chez moi, avec l’aide de répétiteurs.» Et, en quelques mois, le résultat est là: Arthur décroche sa matu fédérale avec un 4,5 en biologie et un 4,5 en chimie. «C’est ma petite revanche!», lance-t-il. De quoi le remplir de fierté. Lui mais aussi son père, qui compte bien envoyer une copie du diplôme au doyen.
De son côté, Arthur entend désormais tourner la page et poursuivre ses études, pourquoi pas dans le domaine de la finance, au Japon. «Je suis juste un peu stressé à l’idée de retourner dans une école. On verra.» A travers son témoignage, il souhaite faire passer le message suivant aux jeunes de son âge: «Ne laissez personne, pas même un prof, vous dire que vous n’êtes pas capable! Il y a plein de façons d’accéder au métier de vos rêves. C’est sûrement le bon but mais pas forcément le bon chemin!», conclut-il philosophe. *prénom d’emprunt