Qu’ont-ils fait en 6 mois?

CONSEIL D’ETAT • En octobre et novembre, les candidats au Conseil d’Etat nous faisaient des promesses. En juin, ils continuent de promettre! Un peu d’action et de cohérence ne feraient pas de mal. Et un peu moins de belles paroles.

  • Crédits: Giancarlo Mariani

    Crédits: Giancarlo Mariani

«Le Conseil d’Etat doit passer à l’action»

Pascal Décaillet

Le 11 juin dernier, six mois après sa prestation de serment, le Conseil d’Etat nous présentait un laborieux catalogue d’intentions, fleurant le Plan et la bureaucratie, appelé «programme de législature». La nouvelle Constitution l’oblige à cet exercice, et toute la pesanteur de cette contrainte se lisait dans les visages de nos magistrats. En général, dans l’art de l’oralité, se livrer à un exercice dont on n’a guère envie se voit. Eh bien oui, ça s’est vu! Original, en passant, de devoir fixer le cap alors qu’on navigue déjà depuis six mois: voilà qui, sans remonter à Vasco de Gama, sent la marine d’eau douce, la satiété d’un boit-sans-soif, l’amateurisme dans la tenue du gouvernail. Bref, cet aimable septuor a donné ce jour-là l’impression d’un oral amputé du plaisir de la bouche. Un oral de rattrapage. Fuir, là-bas, fuir! Mais jusqu’où?

Promesses

Surtout, après un semestre complet aux affaires (l’équivalent de la totalité du temps passé à Matignon par le seul véritable homme d’Etat de la Quatrième République, Pierre Mendès France, lequel avait résolu en un seul mois la crise indochinoise), le public était habilité à attendre du gouvernement autre chose que d’éternelles promesses. L’automne dernier, déjà, il promettait. Et voilà qu’à la saison des cerises, il re-promet! Cette persistance dans l’art de la projection sans risques pourrait assez vite lasser. Exemple: on nous annonce une ère de rigueur, mais on reporte à cet automne le libellé de ce qui fera vraiment mal, à savoir le descriptif détaillé des mesures d’économies. Le message reçu, c’est le répit d’un été: forge-t-on de la belle ouvrage politique par l’éternité du report? Le septuor aurait-il peur d’agir? Où sont-elles passées, l’impétuosité conquérante d’un Maudet, la fougue de campagne d’un Serge Dal Busco? Dissipées, dans la rude clarté du réel?

Doutes

Nous les citoyens, n’écoutons pas trop le Conseil d’Etat. Ne nous laissons pas assoupir par sa communication. Ne sacralisons pas, surtout, ces actes de monstration du pouvoir qu’on appelle «conférences de presse». A chacune de ses paroles, résistons. Doutons. Décryptons. Et par exemple, avançons un contre-thème: à la place de «Voici ce que nous promettons», installons le «Mais que diable ont-ils fait en six mois?». La réponse sera maigre. Disons que la ministre de l’Instruction publique a fait un stage de silence d’un semestre à l’école du Mime Marceau, celui de la Mobilité a poursuivi sa quête du bonheur social, et le président du Conseil d’Etat s’est spécialisé dans l’art de dire au peuple à quel point il votait mal, et de toute manière on continuerait de faire comme on a dit.

Action

Alors quoi, une équipe aussi médiocre que la précédente? Non, bien sûr, il est trop tôt pour le dire. Mais après six mois, l’état de grâce est terminé depuis longtemps. On a promis tout l’automne, on nous re-promet en juin, on nous passe en boucle Paroles de Dalida, ça commence à bien faire. Ce Conseil d’Etat doit passer à l’action. Et si cela doit être au prix de prises de pouvoir à l’interne par des nouveaux, nul ne s’en plaindra. Un Maudet, un Dal Busco, en ont l’étoffe. A eux, notamment, de nous montrer ce qu’ils valent.