Réouverture du musée dans la ligne de MIR(e)

Le Musée international de la Réforme (MIR) s’apprête à rouvrir ses portes. Il sera inauguré le 26 avril. Visite en avant-première du futur lieu d’exposition consacré à cette période clé qui a façonné Genève. Parmi les nouveautés: un espace dédié aux expositions temporaires, dont «Déflagrations».

  • Gabriel de Montmollin nous présente la vitrine abritant cinq bibles du XVIe siècle. PHOTOS STÉPHANE CHOLLET

  • «Déflagrations» dévoile 140 dessins d’enfants qui retracent un siècle de conflits.

    «Déflagrations» dévoile 140 dessins d’enfants qui retracent un siècle de conflits.

Dans chacune des salles, on s’affaire. Ici, un tailleur de pierres peaufine une voûte. Là, l’éclairagiste met la touche finale dans une vitrine. Muni d’une pince, un «socleur» confectionne un socle sur mesure qui accueillera une pièce de la collection. C’est la dernière ligne droite! Le Musée international de la Réforme (MIR) rouvrira ses portes le 27 avril, après 21 mois de travaux. Visite des lieux en avant-première!

«Avant, on entrait dans le musée par la cour intérieure, entame le directeur du MIR, Gabriel de Montmollin. Or, le propriétaire de la Maison Mallet a souhaité récupérer ladite cour pour les autres locataires.» Résultat: il a fallu «tourner» le musée et repenser toute la circulation des visiteurs.

«L’entrée se fera désormais depuis la cour Saint-Pierre et plus par la rue du Cloître», précise-t-il en ouvrant grand les portes. De quoi améliorer fortement la visibilité de cette institution genevoise, née en 2005. «On accueillait en moyenne 20’000 visiteurs par an. On espère augmenter la fréquentation de 10 à 20%», poursuit notre guide.

Une fois le seuil franchi, on pénètre dans le grand vestibule. Au plafond, rayonnent ces mots: «Ici, le 21 mai 1536, Genève décide d’adopter la Réforme.» Une phrase phare qui éclaire immédiatement le visiteur tant sur la modernité du «nouveau» musée que sur l’importance historique de cette période.

La Réforme a façonné Genève

«Sans la Réforme, Genève ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui, proclame le directeur. Avec l’arrivée des réfugiés français au XVIe, la population a doublé. Ils ont amené l’horlogerie, la banque, l’édition. C’est une partie capitale de l’histoire genevoise.» Qui a d’ailleurs donné à Genève deux de ses surnoms: «La cité de Calvin» et «La Rome protestante».

Dès la première des neuf salles de l’exposition permanente, toute de bleu vêtue, les artisans de la Réforme, Martin Luther et Philippe Mélanchthon apparaissent. Commentaire de notre guide: «Ces deux tableaux de Lucas Cranach sont parmi les pièces maîtresses de la collection, qui compte 475 œuvres».

Face à eux, dans une vitrine, flottent cinq ouvrages: «Les joyaux du musée! Il s’agit de cinq bibles du XVIe. Ce sont les premières traductions en anglais, français, allemand ou encore italien. Jusque-là, la Bible n’était qu’en latin. Impossible donc de la lire par soi-même pour la grande majorité de la population. Désormais, grâce aux réformateurs, la Bible se démocratise. Chacun est alors libre d’en comprendre le message et de se déterminer.» Une révolution!

Puis, les salles s'enchaînent. Dans la rouge, on découvre un tableau représentant le massacre de la Saint-Barthélémy (1572) ou encore des lettres royales, dont l’une signée François 1er. «Le cheminement est historique et thématique», précise Simon de Tovar, l’un des deux scénographes du musée «réformé». La salle violette dévoile le voyage de la Réforme à travers le monde et son influence sur divers mouvements ou organismes, tels que la Croix Rouge.

Vidéos et cinéma immersif

«Pour compléter la collection dont nombre de pièces nous ont été prêtées par le Musée d’art et d’histoire, la Bibliothèque de Genève ou le Musée d’ethnographie, nous avons intégré des vidéos afin de s’amuser en s’instruisant», stipule Gabriel de Montmollin.

Cette volonté est particulièrement tangible au sous-sol, où la visite se poursuit. Un théâtre animé met en scène des personnages historiques. Quelques pas plus loin, dans la salle de cinéma immersif, le visiteur découvre un film de 8 minutes regroupant des extraits d’actes de protestation.

Cette persistance de la Réforme à travers les siècles est aussi incarnée par la galerie de portraits qui orne les escaliers. On y retrouve le philosophe danois Kierkegaard et la reine de la soul, Aretha Franklin. De retour au rez-de-chaussée, il est temps d’explorer le nouvel espace consacré aux expositions temporaires (lire ci-contre). «Suite à l’inauguration le 26 avril, le public pourra venir (re)découvrir son musée gratuitement du 27 au 30 avril», lance, avec enthousiasme, Gabriel de Montmollin.

Des dessins d’enfants bouleversants

MP • «Déflagrations». Le titre se veut explosif. Dans les 150 m2 du Musée international de la Réforme (MIR) consacrés aux expositions temporaires, 140 dessins d’enfants retracent un siècle de conflits: de la Première Guerre mondiale à la guerre en Ukraine.

Maisons bombardées, croix à l’infini représentant les cimetières, familles déchirées, scène de fuites… Autant de témoignages naïfs qui ne laissent pas indifférent. «L’exposition reste quatre mois (27 avril au 27 août), commente le directeur du MIR, Gabriel de Montmollin. Ce nouvel espace est un plus. Il va nous permettre d’accueillir des visiteurs qui ne s’intéressent pas forcément à la Réforme. De quoi renforcer notre offre et notre attractivité!»