Un peu italienne ou latine, un peu parisienne, vaguement orientale et au final tellement roumaine. Foisonnante, exubérante, les façades tantôt lépreuses, tantôt lumineuses, Bucarest est une ville à part, à elle seule un véritable condensé du melting-pot roumain, illustré aussi bien par les multiples architectures qui la façonnent que dans la diversité des visages fatigués qui la sillonnent, dès l’aurore.
Située au sud du pays, la capitale reflète bien l’âme roumaine: romantique et généreuse, tourmentée et orgueilleuse, marquée par ses passés multiples autant que tournée vers le futur avec des rapprochements architecturaux audacieux, tel l’ancien immeuble de la sinistre Securitate de l’ère Ceausescu, dont la façade ancienne, précieusement préservée, est devenue l’écrin du très futuriste bâtiment de… l’Union des architectes roumains.
«Petit Paris»
A déambuler dans les rues de la ville, souvent encombrées d’automobiles bruyantes, on découvre au détour d’un carrefour telle petite église qui reflète la spiritualité orthodoxe des villages d’antan encore si prégnante qu’il n’est pas rare d’observer des passants se signer ostensiblement. Tel immeuble décrépit, héritage de l’architecture communiste, cohabitant harmonieusement avec des façades d’inspiration néo-classique parisienne, legs de l’appel qui fut fait au XIXe siècle à de nombreux architectes français, tous formés aux Beaux-Arts. Ajoutez-y d’immenses boulevards, véritables autoroutes urbaines à six voies de type haussmannien et qui percent la ville de part et d’autre, et vous comprendrez pourquoi il est d’usage, aujourd’hui encore, de surnommer Bucarest le «petit Paris».
L’espace d’un instant, oubliez les façades décrépites des trop nombreux immeubles abandonnés et/ou en voie de délabrement avancé, oubliez le brouhaha permanent des automobiles et des passants toujours pressés, oubliez le métro et les bus souvent bondés et laissez-vous aller à des rêveries de promeneur solitaire urbain.
Théâtres, musées, salles de concert
C’est le meilleur moyen de découvrir le charme d’une vieille-ville qui, quant à elle, n’est pas sans rappeler le nord de l’Italie, entourée de superbes petites statues de personnages illustres disséminées un peu partout dans la cité – y compris celle… d’Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne –, ainsi que la multitude des théâtres, musées, salles de concert qui fourmillent dans la plupart des quartiers de la ville. Car qu’on se le dise, la culture à Bucarest est omniprésente et bon marché. Les Roumains en raffolent, portés par un goût évident pour la musique, le théâtre et… les livres. Les librairies y sont nombreuses, souvent magnifiques et volontiers prises d’assaut par ceux que le communisme, encore présent dans bien des esprits et des murs, a privés de liberté.
Et puis, si vous êtes fatigué, n’hésitez pas à vous offrir une halte bien méritée dans un des multiples parcs ou bistros de la ville, toujours agréables à découvrir. Non seulement on y mange très bien, mais ils sont magnifiquement arrangés et décorés. Car incontestablement, les Roumains ont un sens esthétique inné qui les conduit à imaginer des lieux aussi accueillants que cosy.