Non merci, Monsieur le Procureur Général

  • Jean-Marie Fleury, éditeur du GHI

    Jean-Marie Fleury, éditeur du GHI

CONTRAVENTIONS • L’extrême sévérité de la nouvelle loi fédérale sur la circulation – Via Sicura – ne vous suffisait donc pas! Vous avez à votre tour décidé de relever très fortement le prix des contredanses dans le canton de Genève. Je ne vous en félicite pas et j’en viens à regretter d’avoir voté pour vous et d’avoir fait campagne, à l’époque, auprès de mes amis et connaissances pour que vous repreniez à la gauche le poste de procureur général!

Je suppose que vous-même ne rencontrez pas de problèmes de circulation et que, vous déplaçant tranquillement dans une voiture de fonction, conduite sans doute par un chauffeur stylé, vous ne risquez pas de mordre sur la ligne blanche et de prendre ainsi une de ces amendes salées que vous venez de mettre en place dans notre canton. Ce qui n’est évidemment pas le cas du pauvre quidam qui aura, lui, par mégarde ou malchance, commis une des infractions dont vous venez de doubler ou tripler le prix. Même la police vaudoise, qui pourtant est réputée la plus répressive d’Europe, en est subjuguée et n’en croit pas ses yeux.

Mais où donc allons-nous avec de telles lois? En Suisse, on punit bientôt plus fortement la faute bénigne d’un automobiliste ou d’un fêtard que les méfaits des vrais criminels. Que je sache, on ne vit pas encore dans un régime comme la Corée du Nord. Ni même dans celui des anciens pays de l’Est où à l’époque chaque citoyen était épié et surveillé afin qu’il ne quitte pas les clous au risque de se voir enfermé pour de longues années.

Il me semble néanmoins qu’on devra bientôt se poser la question chez nous aussi si l’on continue dans cette voie. Ne doit-on pas privilégier la prévention plutôt que la répression?

Et puis, la justice suisse ne nous donne-t-elle pas les mêmes droits, que l’on habite à Zurich, au Jura ou à Genève? Il me semble que vous appliquez là une inégalité de traitement entre les citoyens qui semble contraire au droit fédéral.

Je ne vous félicite donc pas, Monsieur le Procureur Général, pour cette décision. Elle pourra être lourde de conséquences pour certaines pauvres gens que vous allez mettre dans l’embarras pour parfois un simple péché véniel.

Quant à moi, j’espère ne pas prendre «perpète» pour mon insolence.

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